Etre soi, simplement

Quasiment 3 mois se sont écoulés depuis ma dernière communication.  Merci d'être toujours là ;-)

Cette période a été d'une grande intensité, à différents niveaux.  J'en sors différente... avec aujourd'hui l'envie de rétablir le contact, maintenant que je suis prête. 

 

Ces derniers mois ont été l’occasion d’une déconnexion totale par rapport à ma vie professionnelle, pour me focaliser sur d’autres aspects de mon chemin, bien plus fondamentaux. Quand des impératifs se présentent, les priorités se réorganisent d’elles-mêmes… c’est dans ces moments-là qu’un tri se fait naturellement à tous niveaux. Ce qui compte vraiment, se manifeste comme une évidence qui balaie le reste. Alors un nouvel espace se crée… où de nouvelles possibilités peuvent émerger, à leur rythme, à partir d’un nouveau « point de vue ».

 

Un de ces « points de vue » qui a été fortement ébranlé dernièrement chez moi, est dans la question existentielle de « mais dans le fond, je suis qui, moi ? » … Le lien avec nos amis canins est expliqué un peu plus loin.

 

Dans notre société, le « je suis » est quasiment totalement confondu avec « je fais », surtout en termes professionnels, mais pas seulement : je suis infirmière, je suis mariée, je suis malade …

 

Depuis un certain temps déjà, j’avais du mal à me positionner professionnellement, à me donner un « titre », rien ne sonnait vraiment juste… Si on me demandait si j’étais plombier, la réponse était facile : non ! Ou ambulancière ? Non. Là, c’est simple, sans équivoque. Par contre, « tu es éducatrice canine ? » … non, pas vraiment. « Tu es comportementaliste ? » … non, pas vraiment. « Tu es dresseuse de chien ou de maître ? » … non plus (le mot « dresseur », quand il est associé aux chiens », me hérisse totalement) . « Tu es éleveuse de chiens ? » … ben oui et non, ça dépend ce qu’on entend par là …

 

Ce que je cherchais c’était une « étiquette d’identification », donc un petit morceau d’identité.

 

Cette exploration m’évoque deux éléments importants :

  • L’importance des mots qu’on utilise, parce qu’ils sont vecteurs de tant de choses… signification, émotions, possibilités… Ce sont des « étiquettes » qui se colorent souvent différemment pour celui qui les exprime, et celui qui les reçoit, selon l’expérience de chacun. Mon plaisir d’écrire est directement lié à tout ce dont les mots sont porteurs… mais je peux seulement les utiliser pour exprimer ce que j’ai envie de transmettre. La façon dont mes lecteurs les perçoivent, n’appartient qu’à eux seuls.
  •  « Je suis » (« tu es ») est une affirmation fondamentale, c’est une définition à elle toute seule ! Si on n’y prend pas garde, c’est une phrase en 3 mots (ou plus) qui peut s’avérer restrictive et qui peut nous enfermer dans un état, une qualification particulière…

Souvent, c’est une étiquette qui s’avère difficile à décoller ! Quelqu’un qui a fait une carrière de 20 ans en tant que restaurateur peut-il facilement se dire « en fait, au fond de moi, je suis électricien » ? Pas sûr du tout… parce que les étiquettes du « je suis » collent, fort.

 

Même chose pour nos loulous ! Quand nous identifions nos chiens (ou qui que ce soit d’autre, d’ailleurs !) comme « il est timide », « il est agressif », « il est ingérable », les mots font leur trajet dans notre subconscient et peuvent nous empêcher de voir autre chose. Ce qui va nous sauter le plus aux yeux, ce sont tous les éléments qui confirment cette étiquette. Et chaque élément vient coller cette étiquette un peu plus fort.

 

Évidemment, les étiquettes positives sont moins problématiques 😉.

 

Souvent, quand je discutais avec des personnes qui ne me connaissent pas, en dehors de tout contexte professionnel, je ne disais pas que j’étais éducatrice canine (quand je me définissais comme telle). Sinon, immanquablement, on ne me parlait plus que de chiens et mes interlocuteurs m’exposaient tous leurs soucis avec leurs compagnons canins ! Mon ressenti était que tout à coup, « j’étais réduite à cela : quelqu’un qui répond aux questions canines » … comme si je n’avais pas d’autres centres d’intérêt, comme si j’existais principalement à travers mon métier.

Les étiquettes peuvent enfermer, surtout les « je suis » …

 

Pourtant, nous sommes tous en perpétuelle évolution… nos chiens, comme nous, et comme les liens que nous tissons ensemble. Nos amis canins traversent rapidement les phases de chiot, puis ado, adulte et senior. Ils sont aussi constamment en lien avec leur environnement et leur quotidien, qui génèrent des émotions, des apprentissages, des réactions… Ils sont, nous sommes, tout simplement vivants ! Nerveux par moments, mais pas toujours. Excités parfois, mais pas en permanence. Tristes ou anxieux peut-être, mais ça n’a pas toujours été le cas.

 

Alors pour le moment, en ce qui me concerne, je vais cesser d’essayer de me définir au-delà d'un simple « je suis qui je suis », « je suis simplement moi » … qui contient en lui-même tous les possibles, toutes les variations, toutes les évolutions. Être soi, c’est déjà tout en programme. Oser être soi, indépendamment des circonstances extérieures, fidèle à ses valeurs …

 

Et je vais faire un effort dans ma façon d’utiliser notre magnifique langue française… par exemple en nuançant mes propos : « souvent, mon chien est mal à l’aise avec les autres chiens » plutôt que « mon chien est agressif avec ses congénères ». Le message n’est pas du tout le même… il laisse un espace pour du changement, soit dans le comportement, soit dans ma façon de le percevoir.

 

Je ne suis pas nutritionniste pour chiens, ni éleveuse, ni éducatrice canine, ni coach. J’ai suivi une formation en nutrition canine parce que l’alimentation est une source importante de vitalité et que c'est un sujet qui m'intéresse. J’élève une portée de chiots de temps en temps, parce que rien d’autre ne me nourrit l’âme avec une telle force.  J'ai donné des cours d'éducation canine parce que j'ai à coeur d'aider les personnes à construire de belles relations avec leurs chiens.  Le coaching en ligne est une formule que je trouve intéressante, et qui permet d'aller au coeur des émotions, voir ce qui se trouve sous la surface.

 

Je suis Cécile. Simplement. Le plus totalement possible.

 

Je veux pouvoir être tout ce que j’ai envie d’être, sans avoir à me définir, ni me limiter. Chacune de mes expériences contribue à faire de moi qui je suis. Mais je ne suis aucune d’elle. Je suis leur combinaison, en perpétuelle évolution… Quand on me demande ce que je fais, je veux pouvoir répondre « j’explore toutes les possibilités qui me font vibrer ! ».

 

Et je veux laisser à nos loulous aussi la liberté d’être qui ils sont, sans essayer de les enfermer dans « qui j’aurais aimé qu’ils soient » - qui ne peut mener qu’à de la frustration de part et d’autre. Evidemment, la liberté de chacun s’arrête où commence celle de l’autre, et en ce qui concerne nos chiens, c’est à nous de veiller à leur permettre d’être qui ils sont, dans le respect des autres et de la société dans laquelle nous vivons ensemble. Cela peut impliquer des choses aussi concrètes que l’utilisation d’une longe en promenade, la gestion spécifique de l’accueil des visiteurs à la maison, ou l’évitement (temporaire ?) des congénères qui génèrent un stress trop important. En tout état de cause, une communication claire et cohérente des règles de la vie commune est essentielle, dans le respect et l’amour.

 

A tout bientôt!