Nos chiens et le regard des autres

Mini-story

 

Quand je suis en promenade avec les louloutes et qu’elles font « quelque chose qu’elles ne devraient pas » (comme tirer en laisse, aboyer comme des folles parce qu’un chat traverse la rue, etc.) je me surprends encore parfois à regarder autour de moi pour voir si quelqu’un est témoin de la scène… Comme un réflexe, qui dure juste une ou deux secondes. Espérant ne pas être prise en défaut. D’autant plus qu’avec mon métier et mon expérience, nos louloutes devraient être parfaites, non ? Ou au moins, ma gestion devrait l’être ! Ou pas ?

 

Quand elles sautent sur un visiteur, ou aboient sur les passants dans la rue, le sentiment de « ça ne devrait pas arriver » est similaire.

 

Qu’y a-t-il derrière de réflexe ?

La peur, tout simplement.  Peur d’être jugée.  Peur d’être critiquée.  Eventuellement la peur d’être rejetée.

 

Avez-vous déjà, vous aussi, fait cette expérience, et réalisé du même coup à quel point nous avons tendance à nous identifier aux comportements de nos chiens ?  Sans doute sous prétexte que nous en sommes responsables (est-ce seulement le cas ?) ?  Comme nous nous laissons définir en tant que « bons » ou « mauvais » parents selon leurs comportements ?  Leurs dérapages deviennent systématiquement les nôtres… presque comme si nous étions les deux faces d’une même pièce. 

 

Du coup, nous nous jugeons aussi nous-mêmes, et nous jugeons nos chiens.  Nous sommes pourtant deux individus à part entière, qui de surcroît appartiennent à des espèces différentes !

 

Et puis, nous jugeons aussi les autres et ce dont nous sommes témoins, même un bref instant.  Alors qu’un épisode dont nous sommes témoins n’est, la majorité du temps, pas révélateur de quoi que ce soit… Les chiens, comme nous, ont leurs bons et leurs mauvais jours…

 

Est-ce qu’en jugeant les autres, nous nous protégeons nous-mêmes, nous rassurant d’avoir « la bonne solution » et érigeant entre eux et nous, un mur qui empêche toute remise en question?

 

En tout cas, dans tout jugement, il y a une séparation.  Il y a « moi meilleur que toi », ou « moi contre toi » … séparation par rapport à l’autre, et aussi, par rapport à nous-même, quand nous rentrant en mode « défensif ».  Si on y réfléchit un peu, quand on porte un jugement, on se rend rarement bien, non ?

 

* * *

 

Juger les autres est un mécanisme de défense je suppose, inné chez la plupart d’entre nous.  Quand un évènement ne s’aligne pas avec nos valeurs, nous sommes rapides à l’étiqueter.  Quand nous ne comprenons pas, aussi.

 

Comme par exemple, quand une personne se sépare d’un chien. 

 

« Ils auraient dû mieux se renseigner sur la race », « Ils n’ont plus l’âge d’adopter un chiot », « Ils n’ont certainement pas essayé X ou Y », etc. ... les critiques sont rapides, et si faciles. 

 

Dans certains cas, peut-être sont-elles « objectivement valables », puisqu’il y a effectivement des personnes qui adoptent un chien sur un coup de tête, sans se renseigner, etc. 

 

Mais de toute façon, nous n’en savons rien, ni dans un cas, ni dans l’autre !

 

Combien de fois portons-nous un jugement sans rien savoir de la situation ?  Sans connaître les éléments qui ont abouti à ce résultat ?  Et sans imaginer non plus la difficulté de la décision que ces personnes ont prise, ni le courage que ça leur a demandé, ou le traumatisme émotionnel que cela représente pour eux…  Parce que souvent, la honte les empêche d’en parler : accueillir un chien dans sa vie est censé être une belle histoire, plutôt facile.  Pourtant, il est bien plus fréquent qu’on ne le pense, que les défis pratiques et émotionnels deviennent insurmontables ! 

 

Même une scène dont je serais témoin en rue par exemple... où un chien semble terriblement agressif ou apeuré, ou où une personne semble avoir un comportement que je ne cautionne pas... tout ce que je vois, ce sont les quelques instants qui se déroulent sous mes yeux.  J'ignore tout du contexte qui pourrait me donner une autre perspective sur ce que je suis en train d'observer...

 

Chacun a son propre chemin, avec ses expériences et ses connaissances.  Ma vie ne me donne aucune idée de ce qu’est celle d’un autre, même s’il m’est proche… parce que même dans des circonstances similaires, nos perceptions nous sont personnelles, tout comme nos capacités. 

 

En me rappelant que moi aussi, j’ai parfois peur d’être jugée, je peux plus facilement éviter de critiquer… choisir de donner le bénéfice du doute, et poser un regard plus compréhensif, qui peut peut-être même ouvrir un dialogue.

 

C’est aussi le cas avec nos chiens ! Cela nous arrive aussi, même si nous aimons nos compagnons canins, de juger leurs comportements, de les étiqueter, parce qu’ils ne cadrent pas avec ce que la société attend d’eux, et donc de nous.  Peut-être même certains de leurs comportements nous font-ils honte… (parce qu’ils sont évalués à partir du regard que l’extérieur pourrait poser sur nous).

 

Pourtant, le jugement sépare.  Le jugement catégorise.  Le jugement casse la connexion ; c’est chacun pour soi.  Avec nos chiens aussi… Quand je juge un comportement, c’est souvent parce qu’il me met mal à l’aise, peut-être parce que je ne sais pas quoi faire.  Mais quand je juge, je ne suis plus en position pour soutenir, pour accompagner.

 

Finalement, la peur d’être jugé, c’est peut-être juste une indication de déconnexion, avec soi-même, et/ou avec l’autre, quelle que soit son espèce.

 

Quand une de nos louloutes a un comportement « qui sort du rang », au lieu de la juger/critiquer, je peux me rapprocher d’elle pour l’aider, la soutenir, l’accompagner, en restant connectée à l’amour que j’ai pour elle, en essayant de la comprendre au lieu de la juger.  Je peux aussi choisir de me pas m’auto-critiquer.  Alors, le regard des autres n’a plus aucune importance, parce que c’est notre lien qui prime !  Mais ce n’est pas toujours un réflexe ; cela implique que je sois suffisamment attentive à mes « fonctionnements- réflexes », pour faire un autre choix …

En tout état de cause, c'est un travail à faire sur nous-même ;-) qui ne peut qu'être bénéfique pour nos relations avec nos amis canins, et humains!

 

Avez-vous des questions à ce propos?

Contactez-moi!  Je vous propose un entretien gratuit de 20 minutes