Pour la vie!

Le 6 septembre 2016, c’était il y a tout juste 7 ans. Déjà.  Seulement. 

C’était une journée que nous n’allions jamais oublier… mais nous n’en savions rien encore, quand elle a commencé.

Nous avons emmené nos 5 loulous en promenade, dans un de nos endroits préférés, puis sommes rentrés à la maison. Je suis partie avec Zou pour un rendez-vous vétérinaire.

 

Mon téléphone sonne. Une fois. Deux fois. C’est Manu, mon compagnon, mais il sait pourtant que je suis occupée. A son troisième appel, je décroche… il doit se passer quelque chose. Je réalise en écrivant, que je ne me souviens plus des détails. Mais l’émotion est ravivée, parce que mes doigts tremblent sur le clavier.

 

Manu est en route, avec Looping, pour une clinique vétérinaire : Looping bave, vomit, tousse et crache. Je prends moi aussi la direction de cette clinique, avec une boule dans le ventre qui me remonte jusqu’à la gorge…

 

Quand Manu me rappelle, c’est pour m’annoncer que Looping est mort et moi, dans la voiture, avec Zou qui ne comprend pas, je hurle. Non, ce n’est pas possible. Juste pas possible. Pas juste. Empoisonné, à 4.5 ans. Il ne s’est pas écoulé plus d’une heure depuis notre retour de promenade. Personne n’a rien pu faire.

 

Quand j’arrive au cabinet vétérinaire, Manu est étendu dehors, un masque à oxygène sur le visage, entouré par le personnel du SAMU. Le choc est trop violent, il a fait un malaise, mais reprend ses esprits…

 

Avant de s’éteindre, Looping lui a juste adressé un regard. Le dernier. Il lui a dit aurevoir.

 

Moi je suis arrivée trop tard. Je n’ai pu voir que le corps d’un loulou que j’avais mis au monde, qui avait bouleversé ma vie, mais que la vie avait déjà quitté. Ne restait plus qu’une enveloppe physique. Et un vide. Déchirant. A la mesure de l’incroyable énergie qui avait toujours caractérisé Looping, et de la violence de son départ inattendu…

 

* * *

 

Aujourd’hui, je rends hommage à un super chien, qui a changé pour toujours la vie de Manu et la mienne. Je me demande souvent où nous serions sans lui, qui a permis notre rencontre… puisque Manu est venu le chercher chez moi, quand il cherchait un chiot, et que ma chienne Emmy venait de mettre au monde une belle portée.

 

Nous ne saurons jamais ce qu’il a ingurgité et qui l’a tué ; une autopsie nous semblait inutile, elle n’aurait rien changé. Les cinq chiens étaient en liberté, et il a trouvé une saloperie. Je me dis que pour le même prix, nous aurions pu tous les perdre… s’ils avaient tous eu accès au poison. Forcément, on peut élaborer mille scenari. Nous ne saurons jamais ce qui s’est réellement passé.

 

Bien entendu, après coup, nous avons repensé souvent à cette promenade. Nous ne sommes jamais retournés à cet endroit. Mais nous n’avons jamais non plus cessé de lâcher les louloutes (puisqu’il ne reste plus que des femelles depuis que Looping est mort). Reprenons-nous un risque ? Oui, peut-être. Mais un chien en laisse qui trouve une crasse à manger peut être aussi rapide, et ne pas nous laisser le temps de réagir…

 

Alors nous avons choisi de continuer malgré tout à les laisser profiter de promenades en liberté. A chacun de faire comme lui semble juste…

 

La mort de Looping a suivi de quelques mois, celle de Joy, décédée fin avril 2016, à 8.5 ans d’un cancer. Perdre deux membres de notre famille à environ 4 mois d’intervalle a été extrêmement douloureux et difficile. Nous émergions à peine d’un deuil, que nous plongions dans le suivant… Chacun de nous, chien et humain, a géré les choses comme il pouvait.

 

Malgré la souffrance que ces deux départs prématurés ont causée, nous pouvons aujourd’hui penser à Looping comme à Joy, avec tendresse et reconnaissance, pour les bouts de chemins partagés et tout ce qu’ils nous ont apporté. La douleur a réellement disparu, pour céder la place, avec le temps, à une douce présence et à des souvenirs que nous évoquons avec le sourire. Nous pensons très souvent à eux, à travers les détails du quotidien, et certains de leurs comportements qu’ils ont transmis aux autres avant de s’en aller… Zou a la même voix que Looping, Shaddaï peut être aussi « bique » que Joy ne l’était quand on l’embêtait… Et puis il y a les innombrables photos !

 

Vivre un deuil est sans doute une des expériences les plus personnelles qui soit.

Perdre un chien n’est pas moins douloureux que de perdre un humain.

C’est simplement perdre quelqu’un qu’on aime.

 

Perdre un chien pour la première fois, c’est souvent surprenant. Beaucoup de gens me disent qu’ils ne s’attendaient pas à ce que ça fasse si mal. Les fois suivantes, on est moins surpris peut-être, mais on souffre tout autant. Chaque expérience est unique, comme chaque individu et chaque lien tissé tout au long d’une vie… quelle que soit sa durée.

 

Au-delà de la douleur du manque, du vide, et tous les sentiments par lesquels nous passons, le message que je veux transmettre, en hommage à Looping, à Joy et à tous les autres, c’est surtout un message de douceur. Après la douleur, si on accepte de la laisser nous submerger, voire nous engloutir, on peut trouver la paix avec nos chiens, passés de l’autre côté… Ils continuent à nous accompagner, mais autrement.

 

La mort physique de nos loulous est une étape incontournable de notre chemin ensemble… elle est inscrite dès le départ, en toutes lettres, dans le contrat tacite que nous signons avec eux quand nous les accueillons dans nos vies et dans nos cœurs.

 

Puissions-nous tous apprendre à vivre ces transitions douloureuses, en honorant le lien qui nous a unit sous une forme, et continuera toujours sous une autre… Ils nous apprennent beaucoup quand ils sont présents à nos côtés. Ils sont déjà magnifiquement doués pour nous faire goûter la vie grâce à leur enthousiasme naturel et tout l’amour qui émane d’eux. Mais peut-être leur plus bel enseignement se trouve-t-il là… dans l’acceptation de l’inévitable ? La mort fait partie de la vie. Peut-être cette conscience peut-elle contribuer à nous rendre plus vivants, si nous l’acceptons…

 

Souvent, le contraste nous aide à mettre en valeur ce qui compte vraiment, plutôt que de nous perdre dans les innombrables détails et détours du quotidien !