Je fais de mon mieux

Que ce soit lors de l’accueil d’un chiot à la maison, l’accompagnement de nos seniors, ou de toutes les étapes intermédiaires, une des choses auxquelles nous sommes tous confrontés au cours de la vie de nos chiens, c’est la “peur de mal faire”, ou la “peur de ne pas en faire assez”. Dans tous les domaines: nutrition, éducation, soins, etc.

 

La difficulté, c’est “l’embarras du choix”... il y toujours autre chose à essayer: une méthode éducative miracle, un examen médical supplémentaire, un traitement qu’on n’a pas encore essayé, une façon de nourrir qui va tout résoudre…

 

Et il y a toujours aussi les “j’aurais sûrement pu ou dû faire plus”, “je n’ai pas été à la hauteur”, “je n’ai pas fait les bons choix”, “si seulement j’avais… ”, etc.. Autant de pensées culpabilisantes et aussi, tellement humaines, qui nous accompagnent à posteriori, quand on regarde derrière soi.

 

Parce qu’après une bonne dizaine (quinzaine?) d’années si on a de la chance, on sait aussi tous ce qui nous attend: nos compagnons canins vont tirer leur révérence, et ce sera toujours trop tôt, quel que soit leur âge. C’est une certitude, peu importe combien de choses nous aurons essayées, ce qui aura porté ses fruits, et ce qui n’aura servi à rien.

 

Notre désir de tout faire pour leur bien-être part toujours de l’amour que nous leur portons; c’est d’ailleurs bien souvent cet amour qui nous dirige vers tel choix plutôt que tel autre, tant que nous restons à l’écoute, notamment de notre intuition et de ce qui nous semble juste.

 

Puis souvent, devant la multitude d’options et leurs promesses potentielles de résoudre les difficultés que nous rencontrons, nous perdons un peu le nord. Prêts à tout essayer, nous voilà ballotés d’un choix à l’autre, d’un avis à l’autre, d’une suggestion à l’autre… sans plus parvenir à nous y retrouver. Nous nous perdons en chemin, parce que nous nous sommes laissés happer par toutes les possibilités extérieures, au lieu de rester profondément à l’écoute de soi-même.

 

A partir de là, insidieusement, c’est la peur de perdre, l'anxiété, qui prend le pas sur le désir de privilégier le bien-être. C’est bien naturel d’ailleurs.  Culpabiliser ne nous serait d'aucune aide :-)

 

Mais peut-être oublions-nous alors toute la pression que ces tentatives tous azimuts nous imposent à nous, ainsi qu’à nos chiens… Chaque tentative s’accompagne d’attentes, souvent pesantes. De nouvelles choses à essayer, à mettre en place. Comme un éternel recommencement.

 

La question que je me pose, toute délicate et sensible qu’elle soit, est: “Où se trouve la limite entre vouloir tout essayer, partir dans tous les sens, et rester à l’écoute de ce qui semble le plus juste, en tentant peut-être une chose à la fois, en acceptant la possibilité d’un échec?”

 

Ou encore “N’est-ce pas le moment de prendre un peu de recul, respirer et lâcher prise pour retrouver son centre et accepter une réalité que nous ne contrôlons pas?” (que ce soit pour un souci de santé, un problème de comportement, etc).

Plus facile à dire qu'à faire, je sais...

 

Je pense que ce qui se cache derrière notre dispersion et nos tentatives qui partent dans tous les sens, c’est la prise de conscience que nous ne contrôlons vraiment pas grand-chose, et le stress que ça déclenche. Alors on fait illusion. Au lieu d’accepter que certaines choses sont simplement ce qu’elles sont, et que nous ne pourrons rien y changer (par exemple, le temps qui passe et fait son œuvre)… Dans cette acceptation, nous pourrions trouver un espace où nous recentrer, relativiser et remettre de l’ordre dans nos priorités. Et profiter davantage de ce que nous avons, plutôt que de dépenser une énergie folle à essayer de changer des choses qui sont hors de notre maîtrise.

 

Finalement, la seule promesse que nous pouvons faire, à nos chiens autant qu’à nous-mêmes, c’est de faire de notre mieux, et ça se traduit de façon différente pour chacun. C’est très personnel. Je pense que nos chiens préfèrent de loin nous sentir vraiment présents auprès d’eux, plutôt que égarés dans des labyrinthes de questionnements et de possibilités infinis.

 

C’est un de leurs plus beaux enseignements: être vraiment là, maintenant, pour rester ancrés dans l’amour que nous leur portons, plutôt que de basculer dans la peur.

 

Reconnaître que nous pouvons les aider et les soutenir, en acceptant que nous ne pouvons pas tout maîtriser et que notre rôle a ses limites, nous aidera à rester davantage présent pour eux, lors des différentes étapes de ce chemin partagé.

 

Chaque difficulté rencontrée est une opportunité déguisée de grandir…

 

Et vous, avez-vous déjà ressenti vos tripes se retourner à l'idée de ne pas avoir fait ce qu'il fallait?  De ne pas en avoir fait assez? 

Dites-moi!