Pourquoi je ne suis pas pour les parcs canins

Pourquoi je ne suis pas pour les parc canins…

Si les parcs canins fleurissent à gauche, à droite, c’est que les gens prennent conscience de l’importance de la vie sociale pour les chiens, et c’est une excellente chose.

 

Comme nous, les chiens sont des animaux sociaux. Et pour eux comme pour nous, ce que la “vie sociale” représente varie d’un individu à l’autre. Pour certains, leurs humains suffisent, d’autres adorent jouer avec tous les congénères qu’ils croisent, d’autres encore n’apprécient pas du tout ces interactions, ou seulement selon certaines préférences et dans certaines conditions… Il y en a pour tous les goûts. C’est à nous, les humains, d’apprendre à connaître les préférences de nos compagnons pour satisfaire leurs besoins sociaux selon leurs propres critères (qui peuvent évoluer avec le temps), plutôt que selon les nôtres.

 

Prendre conscience des besoins sociaux de chaque individu, c’est super.

 

La question qui se pose ensuite, est de savoir comment les satisfaire… et c’est là que les parcs à chiens semblent représenter la solution miracle, puisque les chiens sont en sécurité dans un endroit clos et peuvent s’ébattre à tout va.

 

Ma vision des choses trouve son origine dans ma propre expérience, lorsque je donnais cours collectifs pour des chiots et chiens de tous âges (dans des groupes séparés). Je disposais pour cela d’un beau grand terrain, bien clôturé. Les chiens étaient lâchés à un moment ou à un autre du cours, pour jouer. C’était un moment auquel tout le monde prenait beaucoup de plaisir..

 

C’était aussi un moment qui me demandait, en tant que “responsable du bon déroulement des choses”, une énorme concentration…

 

Côté chiens, il y a les différentes interactions entre individus: ceux qui se connaissent ou se voient pour la première fois, ceux qui sont francs et ceux qui sont réservés, ceux qui respectent les messages des congénères et ceux qui les ignorent…

 

Il y a aussi, au fur et à mesure des minutes qui passent, l’excitation qui peut monter et provoquer des comportements excessifs, des courses-poursuites effrénées, … et des débordements.

 

Côté humain, il y a la distraction de personnes qui se retrouvent entre elles et discutent sans trop prêter attention à leur chien ou à ce qu’il est en train de vivre. Et il y a eu à quelques occasions, des chutes de personnes littéralement renversées par des chiens.

 

Je dois bien avouer qu’une fois que tout le monde avait récupéré son chien, je poussais un “ouf” de soulagement intérieur.

 

Malgré mon expérience, mes connaissances canines et mon extrême vigilance, même avec un nombre limité de chiens que je connaissais, je ne pouvais pas avoir des yeux partout. Je n’étais pas en mesure de capter la finesse de toutes les communications, j’étais limitée aux “gros titres” qui demandaient une intervention directe.

 

Alors quand je pense aux parcs à chiens, je m’interroge…

 

Les personnes qui y viennent sont le plus souvent de simples propriétaires de chiens, qui ne connaissent pas bien le langage canin et ne sont sans doute pas en mesure d’entendre les “murmures” d’un chien qui n’est pas à son aise (le leur ou un autre). Ils ne peuvent donc pas poser les actes nécessaires (même s’il s’agit de simplement rentrer à la maison).

 

Personne ne sait qui sera présent, ni dans quel état d’esprit sont les gens ou leurs chiens…

 

“Laisser les chiens se débrouiller entre eux” représente pour moi une solution de facilité, qui comporte bien des risques dont les gens ne sont pas conscients. Et même si tout se passe bien, ça n’empêche pas l’accident d’arriver.

 

Une de mes élèves avait un chien de toute petite taille, type yorkshire, qui a été attaqué par deux molosses, sous ses yeux, en promenade. Chez les deux molosses, la vue de ce tout petit chien qui courait, a activé le “réflexe de prédation” … ils l’ont littéralement pris pour une proie. Je n’imagine même pas le traumatisme…

 

J’ai toujours été très attentive à ne pas lâcher en même temps des chiens avec de grosses différences de taille. A mon avis, peu de gens savent que ce genre de scénario peut se produire…

 

J’ai constaté aussi, en observant les chiens sur le terrain d’éducation, à quel point le fait d’être dans un espace clos, fait monter l’excitation et la tension plus rapidement que dans une surface ouverte…

 

Peut-être ces parcs conviennent-ils à certains chiens, mais certainement pas à tous.

 

Si nous revenons à la question initiale, de satisfaire les besoins sociaux, spécifiques à chaque individu, je pense qu’il est beaucoup plus naturel de donner à son chien l’occasion d’en côtoyer d’autres en promenade, s’il apprécie.

 

Cela permet de choisir avec attention les copains de nos loulous et d’intervenir rapidement en cas de difficulté.

 

Le fait d’être en espace ouvert et de se déplacer diminue fortement la tension et permet à chaque individu de vaquer à ses occupations s’il le souhaite, de garder plus ou moins de distance avec les autres, et de communiquer de façon plus libre.

 

Finalement, tout part toujours d’une bonne intention de la part des humains, et c’est tant mieux! Ici, elle est double: permettre à son chien d’avoir les contacts sociaux dont il a besoin, et vivre une expérience agréable et positive pour tous.

 

Autant mettre toutes les chances de son côté pour que les deux cases soient cochées, en choisissant les expériences sur lesquelles nous avons le plus de contrôle possible et qui ont les plus grandes chances d’être enrichissantes pour tous.

 

Bonne année à tous!

 

Cécile